Plus de huit mois après le tragique tremblement de terre du 12 janvier dernier, la situation demeure inquiétante, spécialement dans les camps. Avant de continuer faisons un bref rappel des statistiques des dégâts :
- 300.000 morts, un nombre similaire de blessés et 1,2 millions de sans-abri
- 450.000 enfants n’ont pas d’accès sociaux; parmi eux, des orphelins, des handicapés; beaucoup d’enfants ne peuvent pas aller à l’école
- 280.000 maisons détruites
- 3.978 écoles détruites ou endommagées
- 30.000 commerces n’existent plus
- 60% des infrastructures gouvernementales ont été détruites
- 60.000.000 m3 de déblais à transporter
- 1.368 camps à Port-au-Prince
Nos frères et sœurs sinistrés vivent dans des conditions inhumaines dans les rues et sur des places publiques. Le gens n’arrivent plus à vivre dans les tentes. La nuit comme le jour il fait chaud. Quand il pleut on doit rester debout Pour un plat chaud, des enfants, des adolescentes et de jeunes femmes adultes se prostituent. Beaucoup d’autres subissent l’agression sexuelle. Les cas de violence, de vol… se répètent souvent. Aucune mesure sérieuse n’est envisagée pour résoudre les problèmes liés à l’éducation, à la santé, à l’eau potable, aux services de base et à la gestion des camps.
Devant tout cela, l’Église reste apparemment impuissante parce qu’elle a été très affectées. Presque toutes ses maisons dont les églises et les presbytères se sont effondrés. Sa présence dans les camps est encore très faible d’où des cas de manipulation et d’exploitation perpétrés par des gens qui s’improvisent leaders spirituels.
Les autorités gouvernementales brillent par leur lenteur à améliorer les conditions d’existence des personnes déplacées, par l’absence d’une politique de sécurité sociale, d’un plan pertinent d’aménagement et de reconstruction. L’Église et même les maires des villes à reconstruire n’ont pas été contactés. Beaucoup de citoyens s’interrogent sur la capacité des ces autorités à sauvegarder et à faire fructifier le bien public, sur leur leadership, sur leur apathie. Des journaux ont rapporté que le gouvernement n’est même pas capable d’explorer l’opportunité qui s’offre à lui pour faire avancer le projet de reconstruction : des camions et des pelleteuses ont été ramenés aux USA et en Europe alors que nous ne disposons que de pelles et de brouettes. Ces dirigeants-là, sont-ils encore sous des décombres?
Malheureusement la politique devient de plus en plus une simple source et d’enrichissement rapide au détriment du peuple. La majorité des autorités et certains membres de l’opposition s’intéressent plus à la lutte pour le pouvoir qu’à la situation humanitaire et au processus de reconstruction. Le pays est en train de s’enfermer dans une crise politique préélectorale.
Les groupes organisés sont invités à prendre des mesures concrètes pour demander au gouvernement, à la communauté internationale, aux ONGs qu’il y ait plus de dialogue, de coordination et d’échanges afin de mettre en œuvre un seul plan de reconstruction avec la participation de toutes les forces vives du pays.
Les Viateurs pourraient aussi participer à assurer une présence significative dans les camps : aide humanitaire, protection des enfants et des femmes, accompagnement psychologique, accompagnement spirituel, activités pastorales visant à aider les gens à remonter la pente et à renforcer la capacité des animateurs, très souvent, qui s’improvisent leaders communautaires sans aucune formation.
André Paul Garraud (Port-au-Prince) – 2010/09/29